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EXPO UN ARTISTE DE L’EAU, 2024
Henri-François Debailleux
« Je ne suis pas peintre » annonce d’emblée Li Xin. Face à ses œuvres et à cette déconcertante affirmation, on ne peut que se demander ce qu’il est. Et ce qu’il fait. « Je fabrique des images. Peindre c’est plutôt décoratif. Ce qui m’intéresse c’est de dialoguer avec l’univers à la manière des anciens lettrés chinois qui cherchaient une harmonie entre l’homme, la nature, l’univers ».
Une façon sans doute de pointer le pinceau sur la caractéristique première de son travail, cette surprenante sensation de tradition et en même temps de grande contemporanéité.
La tradition, Li Xin la perpétue en faisant de la nature et de l’eau ses principaux sujets. En ce sens il s’inscrit dans l’histoire du Shanshui, ce style de peinture chinoise qui évoque des paysages et plus précisément la montagne, shan et l’eau , shui .
L’aspect très contemporain vient lui des techniques utilisées par Li Xin, très éloignées des rouleaux d’antan. Il en pratique principalement deux : l’une le voit travailler sur toile et l’autre sur papier Xuan, pour lesquelles il décline la gamme la plus complète et subtile des gris. Pour la première, il dilue sa peinture à l’huile avec de l’essence de térébenthine afin de la rendre très fluide et la guider sur sa toile préalablement recouverte d’un fond jaune strident qui au final fait remonter, comme de l’intérieur, une splendide lumière, à la fois tamisée et prégnante. Pour la seconde il utilise de l’encre de chine très liquide. « Je suis plus un artiste de l’eau que de l’encre. Mais comme l’eau est transparente et qu’on ne peut la voir, je suis obligé de rajouter quelques gouttes d’encre » précise-t-il.
Car la poétique de l’eau reste le sujet central de l’œuvre de Li Xin. L’eau des rivières, des cascades, des rochers, les flux, les ondes, l’eau qui permet le contact, le dialogue direct avec l’univers.
Pour l’artiste, l’eau est également une métaphore idéale pour parler du temps : elle évoque aussi bien la mémoire que le présent, le passé que le maintenant, le temps qui coule ou le temps suspendu. Elle est aussi source de contemplation, de méditation, de rêverie, de spiritualité.
En effet, contrairement à d’éventuelles apparences, Li Xin n’est pas expressionniste. Il est même totalement dans la retenue : celle qui lui permet de maîtriser les mouvements, les balancements, les va et vient de l’eau et se servir de la force naturelle de celle-ci et de la gravité pour construire une image en guidant les vagues et parfois vaguelettes qui vont progressivement couvrir la toile ; celle qui le conduit à stopper net la progression de l’encre guidée par le hasard, par son intuition, par sa connaissance, à l’emplacement qu’il décide, lorsqu’il voit, lorsqu’il sait que c’est là et non quelques millimètres plus loin , que le rapport de masse, d’équilibre, de profondeur, d’harmonie est le plus juste possible. Une rencontre de la spontanéité et du contrôle en quelque sorte.
Li Xin aime la précision. Il n’hésite pas à prendre une loupe pour vérifier les moindres détails, regarder à l’intérieur des fibres du papier, s’y glisser, s’y plonger et y découvrir de micros univers. L’infiniment grand et l’infiniment petit, à portée de vue, de main, de sensation.